Cela swingue dans la mémoire de la résistance bruxelloise

Cela swingue dans la mémoire de la résistance bruxelloise

Photo © G.L  La violoniste Michèle Keukeleire de Swing-O-Box et son drôle d’instrument: le violon-trompette.

SWING-O-BOX à  l’Atelier Marcel Hastir

Entre-les-lignes – ZOOMS CURIEUX par Gabrielle Lefèvre, le 22 novembre 2016

Elles ont le regard rêveur, un peu nostalgique et des visages doux, des corps effilés mais bien féminins : les modèles de Marcel Hastir cachent leurs secrets dans les brumes de la mémoire. C’est en effet dans cet atelier de peintre que ces belles dames nostalgiques ont contemplé de jeunes musiciens et chanteurs comme Barbara, Trenet, Jacques Brel avant que leur gloire n’éclate dans le monde entier.

C’est là aussi, au 51 rue du Commerce,  non loin du cœur actuel de l’Europe, que cette école de peinture abritait des résistants belges et notamment ceux qui, le 19 avril 1943, ont accompli un exploit inimaginable même pour les autres résistants : attaquer un train transportant 1631 Juifs du camp de rassemblement de Malines vers l’enfer d’Auschwitz. Youra Livchitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau ont réussi à libérer 17 prisonniers et 225 autres s’échappèrent avant que le train,  ne passe la frontière.  Cette audace et cet héroïsme sont racontés par Marion Schreiber dans un livre passionnant et émouvant : « Rebelles silencieux » (Ed. Racine)  où le lecteur revivra dans les rues de Bruxelles les parcours de ces résistants juifs et non juifs, ces jeunes hommes et femmes admirables et si discrets, authentiques héros dont le souvenir vit toujours grâce à ce livre mais aussi dans la biographie de Marcel Hastir, qui en est à sa troisième édition.

 De lui, à l’occasion de l’attribution du titre de « Mensch » de l’année 2008, David Susskind écrivait: « En le nommant Mensch de l’Année, nous avons voulu, peut-être pour la dernière fois, rendre hommage à ceux qui ont, comme il est écrit à Yad Vashem, sauvé, au péril de leur vie, des personnes en danger et des Juifs persécutés qui ne savaient où aller. Grâce à des hommes comme Marcel Hastir, des milliers d’enfants et d’adultes ont pu être sauvés en Belgique. Honorons-le avec toute l’énergie nécessaire, c’est le Mensch des Mensch. » 

Sous le regard doux des dames peintes, l’Atelier Marcel Hastir a vibré samedi passé des notes de jazz du groupe « Swing-o-box » : humour, passion, voyages ferroviaires et rythmes ardents, au gré de l’imagination du compositeur et guitariste Jean-Claude Salemi, dessinateur de grand talent que nos lecteurs d’entreleslignes.be connaissent bien puisqu’il illustre l’actualité, chaque semaine, avec verve et mordant. (1)

Un rythme soutenu, des évocations de java et de rumba s’enchaînent avec celles de valses et de blues, un voyage musical européen du Danube à la Méditerranée, en passant par Schaerbeek et son Brusilia ! Bruxelles, sa mémoire tragique et joyeuse ainsi évoquée dans cet Atelier Marcel Hastir: un lieu à (re)découvrir car les activités musicales y sont nombreuses, un groupe de jazz à aimer.

https://www.facebook.com/swingobox/

https://sites.google.com/site/ateliermarcelhastir

(Samedi 19 novembre 20h – Swing-O-Box à l’Atelier Marcel Hastir : Michèle Keukeleire – violon, Nicole Serwier – accordéon, Denis Martin & Jean-Claude Salemi – guitares, Ruben Verbruggen – saxophone, Martin Salemi – piano,  Mike Delaere – contrebasse et Maxime Toine Cnockaert – percussions )