Nous reproduisons ici un très bel article de M. François Faurant, extrait de son site très documenté sur Barbara.
Marcel Hastir ancien étudiant de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles ouvre en 1935 au 51 de la rue du Commerce à Bruxelles L’Atelier. A partir de 1940 l’Atelier officiellement prend la dénomination d’école de dessin et reçoit de jeunes artistes guidés par Marcel Hastir. Durant la seconde guerre mondiale L’Atelier devient en outre un lieu de résistance, de cache d’armes et de personnes pourchassées. Les jeunes gens fuyant le STO trouveront refuge à cette adresse. La guerre finie, le lieu retrouve sa sérénité pour se consacrer aux arts : dessin, peinture, musique. Des conférences philosophiques se tiennent dans la grande salle. L’Atelier organise aussi des spectacles avec Marciso Yepes, Jacques Brel, Charles Trenet, Maurice Béjart. L’Atelier reçoit souvent la visite de Paul Delvaux et René Magritte Le deuxième étage abrite les loges des artistes et la grande salle. Dans cette vaste pièce les chevalets dressés sur le parquet côtoient le piano.
A la fin de 1954 Angèle Dailly-Guller (1920-2000) animatrice de l’émission radio « La vitrine aux chansons » découvre Barbara. Angèle Dailly-Guller persuade Marcel Hastir d’organiser une soirée pour sa protégée Barbara. La date retenue sera le 1 octobre 1954. Barbara alors vivant à Paris retrouve la capitale belge. Les jours précédents Barbara répète, choisit les titres inscrits à son répertoire. Et le jour dit Barbara chante, devant une salle comble, vingt titres. La presse belge le lendemain relate la prestation de la jeune artiste en termes élogieux. Jacques Vynckier ami de Claude Sluys de Barbara aussi élève de Marcel Hastir enregistre sur un magnétophone sophistiqué pour l’époque la répétition de la veille. Les bandes s’endorment dans les archives de Jacques Vynckier. Dans la salle le directeur artistique de la filiale belge de la maison de disque Decca écoute le récital. Il décide Barbara d’enregistrer un disque et lui fait signer son premier contrat. Barbara enregistre début mars 1955 son premier disque dans le studio Decca chaussée de Jette à Bruxelles.
En présentation du programme, Angèle Dailly-Guller écrit :
» Ironique, acide, agressive s’il le faut, à force d’intelligence et d’audace, Barbara se fraye courageusement un chemin bien à elle dans cette jungle qu’est la chanson française. L’écouter, c’est participer à cent découvertes dans un domaine d’où l’on croyait bannie toute aventure. C’est s’avancer à la rencontre de la fleur violente armée d’épines, de l’oiseau palpitant au chant inconnu. C’est gouter le sel de l’inédit, dans ce qu’il y a de plus neuf, de plus original et, souvent, de meilleur. Bravo ! «
Harmonia Mundi commercialise cet enregistrement jusqu’alors inédit en 2007 sous la forme d’un CD : Barbara à l’Atelier.
[Note de l’Atelier: Ce CD est disponible à la vente à l’Atelier Marcel Hastir lors des concerts. Il est possible de le commander chez votre disquaire local ou sur d’autres plateformes en ligne.]