samedi 21 Mar. 2020 - 20h00
Atelier Marcel Hastir (étage 2)
Ensemble Offrandes
Schippel Le Bourgeois – opéra de chambre pour comédien et ensemble musical
(d’après la comédie de CARL STERNHEIM)
Le lied allemand, messieurs dames … !
Schippel, vagabond infréquentable, vient semer le trouble dans la bonne société d’une petite principauté de Thuringe. Parce qu’un premier ténor vient à manquer et que Schippel a une voix d’or, qu’enfin le temps presse (le concours de la couronne du Prince approche), les bourgeois Cry, Hoquetant et Nuage acceptent de s’associer à Schippel…
Un comédien bonimenteur, trois musiciens délaissant volontiers leur instrument pour former avec lui le quatuor vocal au cœur de la comédie de Carl Sternheim, ainsi qu’un trio à cordes pour compléter le tableau… où l’on croisera l’ombre de Weber ou celle de Schönberg, et bien d’autres fantômes encore.
Fable joyeuse et dramatique à la fois, Schippel le bourgeois est un travail entrepris à l’intersection de la musique et du théâtre. Voix, corps ou instrument : cette nouvelle création requiert un engagement total des artistes en scène !
Avec
Samuel Boré piano, voix (ténor 2)
Stéphane Charlot saxophones, voix (basse)
Patrick Condé voix – comédien et chanteur (baryton)
Jean-Christophe Garnier percussions, voix (ténor 1)
Laure Balteaux violoncelle
Olivier Mingam violon
Guillaume Grimal clarinette
Martin Moulin direction
> Production : Ensemble Offrandes > Coproduction : Les Quinconces-L’espal, Scène nationale du Mans
> Partenaires et soutiens : La Fonderie – Le Mans
Site – www.ensembleoffrandes.com – https://youtu.be/mgvzHyoJv78
Le compositeur Martin Moulin au sujet du Schippel de Carl Sternheim – Propos sur le rire libérateur
Un quatuor vocal d’hommes constitué par quatre bourgeois d’une petite principauté de Thuringe s’apprête, comme chaque année, à participer au concours de la couronne du Prince, distinguant pour chaque édition les meilleurs représentants du lied allemand. On apprend la mort subite du premier ténor, et c’est branle-bas de combat tant le concours est important pour les impétrants. Il faut bientôt se rendre à l’évidence : le seul capable de remplacer en si peu de temps le premier ténor est Schippel, misérable vagabond mais à la voix d’or.
C’est sur cette intrigue mince – celle du loup dans la bergerie, de l’irruption du désordre dans une société où l’ordre et la hiérarchie règnent – que tient Schippel le bourgeois. Et je ne voudrais pas oublier que c’est d’abord par le rire, par le ridicule que Sterheim emmène son monde, et nous avec. Au cœur de cette déferlante de mesquinerie, d’obséquiosité, de coups bas, le lied allemand, incarne le miracle de la concorde par le chant.
Pour incarner le quatuor vocal, un comédien, un pianiste, un saxophoniste et un percussionniste (tous nonchanteurs donc) sont requis. Et c’est bien dans l’hétérogénéité de leurs aspérités vocales que nous voulons chercher. Il y a du comique dans les différences accusées qui voudraient ne faire qu’un mais ne le peuvent pas techniquement ; là où les chanteurs professionnels, et surtout les choristes professionnels, ont le savoir de se fondre dans le timbre des autres……
Viennoiseries – Schippel joue aussi avec les souvenirs de la tradition viennoise du début XXème siècle (Arnold Schönberg, Alban Berg…) : attention particulière aux alliages de timbres, aux polyphonies complexes, à l’ironie, à la rapidité, à la densité des constructions. Et tout comme les arts décoratifs de ce temps (à Vienne comme à Nancy, dans le style Art Nouveau), une composition venant, d’une manière presque végétale, envahir le texte de Sternheim, le détourner, le démultiplier ….
Martin Moulin (composition) et l’Ensemble Offrandes
…. En 2010, il fonde l’ensemble Offrandes, regroupant une quinzaine de musiciens professionnels et dédié aux répertoires moderne et contemporain. Au sein d’Offrandes, dont il assure la co-direction artistique avec le pianiste Samuel Boré, il travaille intensément – comme compositeur, chef et percussionniste, autour des œuvres de Xenakis, Kurtág, Cage ou de nouvelles créations pour l’ensemble. …. . Depuis quelques années, la composition est devenue sa principale activité artistique. Citons récemment : Sextuor pour percussions spatialisées, commande du Festival de l’Epau (2008 – cd/dvd sorti en janvier 2012), Le souffle du vide Oratorio, commande du Festival d’Arts Sacrés d’Evron (2009), Eco pour choeur d’enfants et ensemble instrumental, commande de l’Orchestre National de Lyon (2010), Maurice Godounov (2013), opéra de chambre pour le baryton Arnaud Marzorati, l’ensemble Offrandes, ainsi qu’un chœur amateur. Il travaille à une série portrait d’amis musiciens, imaginant des pièces instrumentales comme des extensions de la voix. Istanblue, l’homme en creux, pour luth turc et saxophone baryton, en est la première réalisation (portrait du saxophoniste Stéphane Charlot, créé en 2010). Enfin, il propose des relectures d’oeuvres : Comme une goutte de mercure, un peu inquiète… (2012), extension pour ensemble spatialisé des Játékok de György Kurtág ; ou encore L’artiste du beau (création 2015 – commande des Quinconces – l’Espal), extension pour chanteurs, ensemble et électroacoustique, d’après Die schöne Müllerin de Franz Schubert.
Lithographie d’ Ernst Ludwig Kirchner représentant Carl Sternheim en 1916
Carl Sternheim (*1er avril 1878 à Leipzig † 3 novembre 1942 à Bruxelles)
Extrait de l’autobiographie de Marcel Hastir au sujet de Carl Sternheim
» … À l’époque où je l’ai connu ….Madame Carbonara, infirmière de son état, venait souvent aux séances musicales de l’Atelier et me raconta qu’elle soignait un vieil écrivain d’origine juive qui se cachait à Bruxelles. Cet homme, qui avait écrit de nombreuses oeuvres dramatiques où l’humour ne manquait pas, était doté d’un solide esprit critique, notamment à l’égard du régime nazi. Ayant entendu parler de moi, Carl Sternheim manifesta le désir de me rencontrer. Je vins à son domicile et me trouvai en présence d’un homme raffiné, d’une grande culture, mais visiblement usé par sa retraite forcée. J’allai trouver sa propriétaire et proposai de mettre ma carte de visite sur sa porte en la priant de dire, en cas de contrôle, que Monsieur Sternheim n’habitait plus là et que j’occupais l’appartement à sa place.
…. Ce sympathique écrivain avait sur son bureau une collection de manuscrits rouges reliés qui représentaient une grande partie de son oeuvre. Afin de les protéger en cas de descente de police, je lui proposai de les déposer à la Bibliothèque Royale. Vers la fin de 1942, l’état de Sternheim s’aggrava et un ami espagnol, Pepito de la Roca, me proposa de le conduire à l’hôpital. A la clinique de l’avenue de Fré où on l’amena, il ne survécut que quelques semaines. A sa mort, il avait un très beau visage dont j’ai fait le portrait, et que j’ai offert à sa femme et sa fille venues me rendre visite après la guerre. Je me rappelle encore ce triste jour où Madame Carbonara, mon ami Pepito et moi-même, tous les trois derrière un corbillard à cheval, nous l’avons accompagné jusqu’au cimetière d’Ixelles. C’est à Madame Carbonara qu’est allé l’ensemble de sa collection littéraire et artistique. »
En juillet 2011 Marcel Hastir a été enterré au cimetière d’Ixelles dans la même tombe que Carl Sternheim.
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