Allocution de Jacqueline Pacaud, présidente de l’Atelier Marcel Hastir
Vous vous trouvez ici dans l’atelier du peintre Marcel Hastir, né à Bruxelles en 1906, et mort ici même en 2011, à 105 ans. Il a vécu dans cette maison plus de 75 ans.
Dans cet atelier, M. Hastir a créé, a donné des cours de peinture, a organisé des concerts de musique, dès les années 30.
L’Atelier s’est ensuite développé à travers ses multiples dimensions jusqu’à avoir un certain rayonnement artistique à Bruxelles, en Belgique, et peut être même au-delà. Ainsi, cet Atelier a été le berceau de jeunes talents musicaux, de L. Bobesco à J. Brel, de Barbara à A. Dumay.
C’est donc un lieu d’art. Mais c’est aussi un lieu de mémoire.
Pendant la 2° guerre mondiale, l’école de peinture que M Hastir avait créée ici-même était un lieu de paix. Mais, malgré la présence de la Gestapo non loin dans le quartier, on n’y faisait pas que peindre. On y parlait sabotage, résistance, on y imprimait des faux papiers. On y a préparé une action unique dans l’histoire de la Résistance, l’attaque du XX° convoi parti de Malines vers Auschwitz en avril 1943 et amenant des centaines de prisonniers en enfer.
Cette attaque, perpétrée par Youra Livchitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau permit à plusieurs personnes de se sauver et d’échapper à la déportation et, sans doute, à la mort.
Tout cela appartient au passé. Tout cela est encore très présent.
On croyait la barbarie définitivement enterrée avec le 20° siècle. Et la voilà qui ressurgit dans l’action terroriste. Celle qui a frappé Paris le 13 novembre 2015. Celle qui a frappé Bruxelles le 22 mars 2016. Celle qui a frappé Nice le 14 juillet 2016. Celle qui a frappé Berlin le 19 décembre dernier.
Il y a 1 an, au matin du 22 mars 2016, 372 personnes se rendaient à l’aéroport ou ont pris la ligne 1 de métro. Un trajet banal, le quotidien, comme vous l’avez peut-être vous-même fait ce matin-là.
Ces personnes
-là n’étaient plus les mêmes le soir du 22 mars 2016.
32 n’étaient plus : 32 vies arrachées, 32 destins fauchés, 32 voix tues à jamais.
340 personnes ont été meurtries dans leur chair, parfois de façon indélébile.
Car ces personnes étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit, ce matin-là. Cela aurait pu tomber sur vous ou moi. C’est tombé sur elles.
Mais ce n’est pas uniquement leur chair qui est meurtrie, c’est aussi la nôtre, c’est aussi celle de l’humanité toute entière.
Maintenant, nous sommes responsables de leur survie. Si nous les oublions, la barbarie gagnera.
Nous ne pouvions donc pas fêter M. Hastir cette année sans nous joindre aux commémorations du funeste anniversaire des attentats du 22 mars à Bruxelles. Parce que par-delà le 20° siècle, par-delà M.Hastir, l’Atelier perpétue l’art et la musique, mais pas seulement. Il perpétue aussi des valeurs. Il perpétue aussi la mémoire.
Et se souvenir, c’est aussi agir.
Et agir, aujourd’hui, c’est se rappeler que les extrémismes, quels qu’ils soient, sont encore menaçants.
Agir c’est écarter ces extrémismes avec notre bulletin de vote.
Agir, c’est, comme nous l’avons fait en 2016, maintenir notre programmation alors que quasiment tous les lieux de culture étaient fermés pendant ces jours silencieux où les rues de Bruxelles étaient désertées par une sorte de couvre-feu. Un an après, agir, c’est être là, ce soir, ensemble, pour se souvenir.
Avec toute l’équipe de l’Atelier, je vous propose d’observer 1 minute de silence en hommage aux victimes du terrorisme.
(1 minute de silence)
Je vous remercie pour votre hommage.
Avant de passer à la musique, je cède la place à mon collègue Fernand qui va vous dire quelques mots sur la biographie de M.Hastir en vente à l’Atelier.
Acheter la biographie de M.Hastir ou encore devenir membre de l’asbl pour uniquement 30 euros par an, c’est aussi une façon de soutenir l’Atelier, ses activités, et ses valeurs.
Je vous souhaite une belle soirée.
Jacqueline Pacaud, présidente de l’Atelier Marcel Hastir